Présentation du projet de thèse CIFRE, par Thiphaine Le Gauyer

L’entrepreneuriat comme moteur de la relance économique est revenu dans l’agenda politique, notamment lors de la dernière campagne présidentielle pendant laquelle le futur président de la République, Emmanuel Macron, a promis l’amélioration de la couverture sociale des indépendants et l’ouverture des droits à une indemnité chômage en cas de cessation d’activité.

Ces discours et politiques publiques d’incitations entrepreneuriales existent cependant depuis 1976, avec le dispositif d’Aide aux Chômeurs Créant ou Reprenant une Entreprise – ACCRE. De semblables politiques d’emplois se sont développées partout en Europe, répondant à la volonté d’activation de la protection sociale dont l’efficacité et le financement étaient alors remis en cause face à la persistance du chômage. Ces dispositifs, la Gig Economy et les situations de “salariat déguisé” entraînent le développement de nouvelles formes hybrides d’emploi entre salariat et indépendance.

La population concernée par ces nouvelles formes entrepreneuriales est mal connue, très éclatée, difficilement quantifiable et amenée à croître. Partant de l’analyse de Sarah Abdelnour (2017) sur l’entrepreneuriat populaire, ce projet de thèse propose d’étudier les transformations de la culture entrepreneuriale et des demandes de protection sociale qu’induit le développement de nouvelles formes entrepreneuriales, c’est à dire des travailleurs individuels salariés ou indépendants. Une comparaison internationale est alors pertinente pour mettre en perspective la situation française et son modèle d’État-Providence, par rapport aux deux autres modèles que représentent, selon la typologie de Gøsta Esping-Andersen (1990), la Norvège et l’Angleterre.

Cette enquête sociologique mobilise principalement quatre méthodes d’enquête : (1) une analyse secondaire des données chiffrées concernant les nouveaux indépendants en vue d’élaborer une cartographie statistique de ces nouvelles formes entrepreneuriales ; (2) une recherche documentaire, permettant de mieux comprendre les systèmes nationaux et les interdépendances entre protection sociale et marché du travail, notamment l’encadrement juridique et les droits sociaux qu’ils octroient ; (3) une observation participante par l’accompagnement d’une personne exerçant une activité indépendante dans chacun des pays ; et enfin, (4) l’élaboration d’un corpus d’entretiens semi-directifs auprès d’entrepreneurs et d’acteurs publics et privés de la protection sociale.

Ce projet de thèse est élaboré dans le cadre d’une CIFRE, Convention Industrielle de Formation par la Recherche, de trois ans, en partenariat avec AGIPI, association d’assurés, et le Laboratoire d’Économie et Sociologie du Travail (CNRS, UMR 7317), implanté à Aix-en-Provence. La directrice de thèse est Corine Eyraud, Maitre de Conférences HDR en Sociologie à Aix-Marseille Université.

Ces travaux se décline en 9 articles de recherche:

  1. L’entrepreneuriat, le salariat et le travail indépendant en France. Origine historique et formes juridiques.
  2. État statistiques de l’entrepreneuriat et du marché du travail en France
  3. État statistiques de l’entrepreneuriat et du marché du travail en Angleterre
  4. État statistiques de l’entrepreneuriat et du marché du travail en Angleterre
  5. L’entrepreneuriat, le salariat et le travail indépendant en Norvège
  6. L’entrepreneuriat, le salariat et le travail indépendant en Norvège
  7. La Protection sociale : entre secteur privé et secteur public, en France
  8. La Protection sociale : entre secteur privé et secteur public, en Angleterre
  9. La Protection sociale : entre secteur privé et secteur public, en Norvège

severine